🦈 Pascal Qu Est Ce Que Le Moi

PascalBérubé dénonce la CAQ. Du personnel politique dans la campagne électorale. Pascal Bérubé. (Photo courtoisie) Par Pierre Michaud 22.08.2022 17:00. Le député sortant de Matane-Matapédia et candidat du Parti Québécois dans cette circonscription, Pascal Bérubé, estime avoir de bonnes raisons de croire que le parti au pouvoir Lesaccidents sont les propriétés qui n’affectent pas la substance de cet être. Pascal soutient qu’aucune propriété ne permet à elle seule de définir le « Moi » : le corps et l’âme de la personne ne cessent de changer, tout comme ses qualités, mais la personne demeure la même. Qu’est-ce que le moi ? Lemoi est ce que je crois savoir de moi, alors que le soi est ce que je suis vraiment. Plus précisément, on peut définir le moi et le soi de la manière suivante : Le moi est notre ego : c’est ce qui nous permet de dire « je » et d’exister en tant que sujet. Par conséquent, le moi est aussi l’individu que nous croyons être. Cette Quon ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n'aime personne que pour des qualités empruntées. Pascal, Pensées , (Lafuma,688 - LeRotary-Club de Lectoure-Fleurance a participé au financement de trois roues de vélo, afin d’aider l’athlète à participer à de nouvelles compétitions. Estce différent d'un intellectuel par exemple ? Quand Pascal dit; " toute la dignité de l'homme est de penser", c'est a coup sur une pensée de penseur. Pour moi c'est un type psychologique bien particulier, il peut y avoir des penseurs brillants et d'autres plus modestes, tout comme il peut y av Enfait, il n'existe pas de définition stricte des régimes à base de plantes. À son niveau le plus élémentaire, un régime à base de plantes correspond exactement à ce qu'il désigne : un régime composé principalement d'aliments d'origine végétale (fruits, légumes, noix, graines, céréales et légumineuses) et de petites Pourles Pensées de Pascal, choisir la Bible, ce n’est pas effacer la philosophie profane où règne la raison, mais se situer en dehors d’elle, dans le mystère, pour l’éclairer. Chestov use de l’expression de « philosophie biblique » dans un double sens : la pensée à l’œuvre dans la Bible elle-même ; la philosophie de la foi qui se fonde sur la Bible. Cetexte de Pascal est introduit par une question simple : « Qu’est-ce que le moi ? », question qui précède deux paragraphes dans lesquels on peut distinguer deux parties et une conclusion. AiLaGdO. Le début du fragment semble indiquer qu’il devait prendre place au sein de l’apologie aujourd’hui classé parmi les Pensées mêlées », il aurait tout aussi bien pu gurer dans la liasse Misère » non pas Vanité », car le sens de cette dernière liasse est particulier chez Pascal. Si tel est le cas, on peut supposer que le scripteur en est Salomon. Mais alors Pascal se serait-il si bien imprégné du personnage que celui-ci en serait venu à prendre ses libertés au point de parler au nom de Salomon moi qui écris [...] » ? Serait-ce donc Salomon qui, avec quelque impertinence, avouerait nourrir son amour-propre de papier dans l’écriture de sa propre apologie ? Il est troublant d’observer que d’autres fragments laissent place à une même ambiguïté, comme J’écrirai ici mes pensées sans ordre, et non pas peut-être dans une confusion sans dessein. [...] Je ferais trop d’honneur à mon sujet, si je le traitais avec ordre [...].32 » Le fragment entend répondre au Pyrrhonisme » qui conteste toute possibilité de discours ordonné logiquement dans la description de l’homme. Mais si Pascal semble bien orienter la thématique de son fragment sous l’égide de cette secte », il n’en reste pas moins que ce moi » qui parle est étrange tout se passe comme si, avant même la rédaction nale, il s’était déjà mis dans la peau d’un autre. Serait-ce ce dernier qui aurait pris la main ? On observe une même tendance avec Stépane il est capable de se regarder comme de l’extérieur. Concrètement, il sait quand grandit en lui un sentiment d’orgueil, même s’il n’y peut rien faire savoir que son envie d’écrire sans réserve s’avère parfois futile ou moralement douteuse ne l’empêche pas de le faire. 1 Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? Et comment aimer le corps ou l'âme sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ?33 2 Тотчас же по возвращении из Петербурга Варвара Петровна отправила друга своего за границу отдохнуть » Степан Трофимович поехал с восторгом. Но с первых же писем из Берлина он затянул свою всегдашнюю ноту. Сердце разбито, – писал он Варва ре Петровне, – не могу забыть ничего! Здесь, в Берлине, все 33S. 567. 32S. 457, p. 321 ; L. VI, 1, p. 172. compte, il se prenait à s’exprimer dans un sens humoristique. Or Varvara Petrovna ne craignait rien tant que le sens humoristique. », Les Démons, p. 38. напомнило мне мое старое, прошлое, первые восторги и первые муки. Где, наконец, я, я сам, прежний я, стальной по силе и непоколебимый, как утес .34 Pascal, observe Vincent Carraud35, est l’inventeur de l’usage substantivé du moi » dans la langue française après que Descartes a opéré le tournant en latin, ego ille », le moi. Désormais, peu importe de savoir qui parle c’est la formulation, de laquelle naît une distance interne au sujet, qui compte. Le titre du fragment met en évidence cette étrange tournure Qu’est-ce que le moi ? », et non plus, par exemple, qui suis-je ? » Les deux questions semblent introduire a priori un même clivage dans le sujet, mais l’expression pascalienne est plus éloquente, plus choquante, évoquant davantage un où suis je ? », où est le “je” ? ». Ceci donne lieu à des expressions qui interrogent les limites de la langue dans le m’aime-t-on moi ? », les termes m’ et moi paraissent redondants, mais en même temps il existe une di érence, dans la mesure où l’individu a une intuition de sa singularité c’est le m’ sans qu’il sache où la placer c’est le moi. Une forme de vertige s’instaure. Stépane entre dans ce gou re son existence est partagée entre un avant » la vie grandiose en Europe, l’idéal républicain et un maintenant » la vie misérable en Russie, la conscience de l’impossibilité de la justice. Littéralement, il ne se reconnaît nulle part. On observe un usage similaire de la substantivation mon ancien moi » avec toutefois quelque décalage la façon dont est prononcée cette redondance tend à faire penser que le personnage éprouve un goût pour les jeux de mots, pour l’aspect matériel de la langue. En langue russe, en e et, la dérivation est encore plus lourde dans la mesure où le je » est traduit par я », ce qui crée une triple homologie morphologique et phonétique я, я сам, прежний я ». Ce qui nous amène à une dernière forme d’étrangeté 1 La manière d'écrire d'Epictète, de Montaigne et de Salomon de Tultie est la plus d'usage, qui s'insinue le mieux, qui demeure plus dans la mémoire et qui se fait le plus citer, parce qu'elle est toute composée de pensées nées sur les entretiens ordinaires de la vie, comme quand on parlera de la commune erreur qui est dans le monde que la lune est cause de tout, on ne manquera jamais de dire que Salomon de Tultie dit que lorsqu'on ne sait pas la 35CARRAUD, Vincent, Qui est le moi ? », Les Études philosophiques, n. 1-88, 2009, p. 63. 34 Dès son retour de Pétersbourg, Varvara Petrovna envoya son ami à l’étranger pour “ se reposer”. [...] Stépane Tro movitch partit avec enthousiasme. [...] Mais dès les premières lettres de Berlin, ce fut sa litanie habituelle “Mon cœur est brisé, écrivait-il à Varvara Petrovna, je ne puis rien oublier. Ici, à Berlin, tout me rappelle les jours anciens, mon passé, mes premiers enthousiasmes et mes premières sou rances. [...] Où suis-je, en n, moi-même, mon ancien moi, acier par la force et inébranlable comme un roc [...]. », Les Démons, p. 54. vérité d'une chose il est bon qu'il y ait une erreur commune, etc. qui est la pensée de l'autre côté.36 2 Я попросил его выпить воды; я еще не видал его в таком виде. Все время, пока говорил, он бегал из угла в угол по комнате, но вдруг остановился предо мной в какой-то необычайной позе. – Неужели вы думаете, – начал он опять с болезненным высокомерием, оглядывая меня с ног до головы, – неужели вы можете предположить, что я, Степан Верховенский, не найду в себе столько нравственной силы, чтобы, взяв мою коробку, – нищенскую коробку мою! – и взвалив ее на слабые плечи, выйти за ворота и исчезнуть отсюда навеки, когда того потребует честь и великий принцип независимости? Степану Верховенскому не в первый раз отражать деспотизм великодушием, хотя бы и деспотизм сумасшедшей женщины, то есть самый обидный и жестокий деспотизм, какой только может осуществиться на свете, несмотря на то что вы сейчас, кажется, позволили себе усмехнуться словам моим, милостивый государь мой!37 Tout d’abord, même problème que dans le premier parallèle Pascal parle-t-il de Salomon ou Salomon de Salomon lui-même ? Pour M. Le Guern, la chose ne fait pas de doute C’est la distance créée par ce jeu de rôle qui permet à Pascal de faire une remarque sur “la manière d’écrire de Salomon de Tultie”. Pascal ne pourrait pas parler de sa propre manière d’écrire, il peut parler de la manière d’écrire de son Mais le critique n’est-il pas trop cartésien ? Dostoïevski, en tout cas, pencherait davantage pour la deuxième possibilité. Dans l’extrait 2, Varvara vient de décider subitement que le vieux sage était un homme marié », qu’on le ançait à Daria, et qu’ainsi sa liberté » était perdue sans qu’il ait un mot à dire. Il s’émeut alors comme rarement, et le voilà qui, devant G., prend une pose extraordinaire ». Tout au long de sa vie, Stépane s’est constitué un pro l de grandeur d’âme » face à toutes sortes d’ennemis oppressifs et celle-ci en est venue à prendre une telle dimension qu’elle apparaît à Stépane comme un élément arti ciel, à sa disposition. Il y a d’un côté un Stépane commun, un Stépane du quotidien, et de l’autre un Stépane-o ciel qu’il peut porter en e gie. Il nous semble même que cette distorsion permette 38LEGUERN, Michel, Etudes sur la vie et les Pensées de Pascal, Paris, Honoré Champion, 2015, p. 206-207. 37 Je le priai de boire de l’eau ; je ne l’avais jamais encore vu dans cet état. Pendant tout le temps qu’il parla, il arpenta vivement la pièce, mais brusquement il s’immobilisa devant moi dans une pose extraordinaire. – Est-il possible que vous pensiez, reprit-il avec une douloureuse hauteur en me toisant des pieds à la tête, est-il possible que vous puissiez croire que moi, Stépane Trofimovitch, je ne trouverais pas assez de force morale pour prendre ma besace – ma besace de mendiant – et, la jetant sur mes faibles épaules, franchir la porte et disparaître d’ici à jamais, quand l’honneur et le grand principe d’indépendance l’exigent ? Ce n’est pas la première fois que Stépane Trofimovitch a à opposer la grandeur d’âme au despotisme, fût-ce au despotisme d’une femme folle, c’est-à-dire au despotisme le plus blessant et le plus cruel qu’il puisse y avoir au monde, bien que vous soyez permis, je crois, de sourire à mes paroles, Monsieur ! », Les Démons, p. 129. 36S. 618 ; L. p. 208-209. d’interpréter comiquement le début du fragment Disproportion » Que l'homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté, qu'il éloigne sa vue des objets bas qui l'environnent. Qu'il regarde cette éclatante lumière mise comme une lampe éternelle pour éclairer l'univers, que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre Et voilà que Stépane devient triple il y a l’homme abstrait que nous avons présenté plus haut, qui est capable de regarder une autre version de lui-même – l’astre Stépane40, le Stépane de la grandeur d’âme –, et encore la version misérable – la terre », le Stépane qui ne sait quoi faire dans sa petite province. Revenons à notre entrée Le silence éternel de ces espaces in nis m’e raie. » Le fragment présente la même forme que ces quelques autres étudiés dans la première partie, investissant la relation du particulier au général. Il y a donc peu de chance qu’il soit une exclamation étrangère à l’apologie. Le portrait distendu de Stépane peut-il permettre d’en dire quelque chose de plus ? Dostoïevski, au contraire de bien d’autres de ses personnages, considère ce personnage comme un des plus sincères dans Les Démons. Avec lui, il nous montre qu’il est possible de concevoir l’alliance d’un arti ce le double » et d'une authenticité croire en son image. De la même manière, on peut concevoir, en un sens, que Salomon de Tultie » ait vécu l’e roi qu’il entend transmettre. Par le processus imitatif, nous perdons la rigidité d’une conception qui lie la personne et le scripteur. 40 En n on se souvint de lui aussi, d’abord dans les publications paraissant à l’étranger, comme d’un martyr en exil, puis aussitôt à Pétersbourg, comme d’une étoile qui avait fait partie jadis d’une constellation connue [как о бывшей звезде в известном созвездии] [...]. », Les Démons, p. 48. 39S. 230, p. 161. Pascal, Qu’est-ce que le moi ? » Exemple d’une première et d’une deuxième partie d’explication de texte. Qu’est-ce que le moi ? Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants ; si je passe par là, puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en particulier ; mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus. Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on ? moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ? car aimerait-on la substance de l'âme d'une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités. Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n'aime personne que pour des qualités empruntées. I – Présentation du texte et de ses difficultés Blaise Pascal - Pensées 688 - Édition Lafuma, 323 - Édition Brunschvicg Ce texte de Pascal est introduit par une question simple Qu’est-ce que le moi ? », question qui précède deux paragraphes dans lesquels on peut distinguer deux parties et une conclusion. La première partie est composée d’une série de trois questions-réponses, qui semblent vouloir séparer l’idée du moi de ce qui n’est pas elle, c’est-à-dire l’ensemble des qualités, même des qualités morales ». La deuxième partie est elle aussi constituée d’une série de questions l’auteur semble indiquer que le moi est inconnaissable, inaccessible Où est donc ce moi… ? », et que l’illusion qu’il soit possible d’aimer quelqu’un pour son moi » doive céder la place à ce constat un peu amer On n’aime jamais personne, mais seulement des qualités ». La conclusion, paradoxale, est en forme de morale ne méprisons pas ceux qui courent après les honneurs, car s’il y a quelque chose de non superficiel, il est probablement inaccessible, et nous ne nous attachons jamais à la substance de l’âme », mais uniquement à des qualités empruntées ». On peut remarquer que cette structure linéaire se double d’une structure thématique à la question de la nature du moi se superpose la question qu’aime-t-on quand on aime ? La première semble ne recevoir aucune réponse satisfaisante ce qui est sans doute un type de réponse ; la seconde aboutit à la conclusion pessimiste en apparence on n’aime jamais personne… », et justifie la conclusion Qu’on ne se moque donc plus… car on n’aime personne que pour des qualités empruntées ». Ces deux questionnements sont évidemment ici solidaires. Le lien entre les deux questions est donc sans doute un des enjeux d’une interprétation de ce texte. Si nous rentrons dans le détail de ce texte, un certain nombre de difficultés se surajoute à l’aspect déjà obscur du passage. Commentaire [E1] Présentation linéaire globale » Commentaire [E2] Présentation thématique mais qui annonce aussi, pour finir, un plan possible, ou une piste de travail. Pour Raphaël Villien, professeur de philosophie au Lycée Berthollet d’Annecy, ce texte de Pascal se révèle à la fois attirant et redoutable pour des élèves de terminale. Attirant parce que son argument est intelligible et repose sur des distinctions travaillées en cours contingent/nécessaire, essentiel/accidentel, avoir/être. Mais également redoutable parce que toutes ces analyses sont subordonnées à un problème compliqué Qu’est-ce que le moi ? et qu'il est difficile de comprendre la réponse que le texte y apporte, ainsi que le sens précis de l’argumentation qui tente d’élucider la nature du moi dans le contexte d’une relation à autrui. Quel rapport, précisément, entre la thèse sur l’amour et la nature du moi ? "Qu’est-ce que le moi ? Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants si je passe par là, puis-je dire qu’il s’est mis là pour me voir ? Non car il ne pense pas à moi en particulier mais celui qui aime quelqu’un à cause de sa beauté, l’aime-t-il ? Non car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu’il ne l’aimera plus. Et si on m’aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m’aime-t-on, moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s’il n’est ni dans le corps, ni dans l’âme ? et comment aimer le corps ou l’âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu’elles sont périssables ? car aimerait-on la substance de l’âme d’une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n’aime donc jamais personne, mais seulement des qualités. Qu’on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n’aime personne que pour des qualités empruntées. Pascal, Pensées, Lafuma 688 Introduction "Qu’est-ce que le moi ?" Etrange question. Quand se pose-t-elle ? Peut-être dans les moments de doute sur soi ou sur quelqu’un, lorsque les repères et les certitudes vacillent échecs, pertes, défiguration qui suis-je, vraiment, moi ? Lors d’une rupture, qui est-elle, vraiment, elle ? Ce sont des moments où la définition ordinaire de soi par ses qualités sociales, physiques, intellectuelles ne suffit plus. De nombreux films construits autour de cette question Citizen Kane. Tel est précisément le problème posé par Pascal, qui l’inscrit dans le contexte de l’amour est-ce vraiment la personne elle-même qu’on aime, ou ses qualités ? On pourrait répondre que la personne est indissociable de ses qualités, mais c’est précisément la réponse que refuse Pascal le moi ne se confond pas avec ses qualités empruntées », si bien qu’ on n’aime jamais personne, mais seulement des qualités ». La femme de Roman aimait-elle Roman ou ses qualités apparentes ? Ne sommes-nous pas tous dans ce cas aimons-nous l’autre lui-même ou ses qualités ? Questions à poser au texte la distinction du moi et de ses qualités va-t-elle de soi ? Pourquoi Pascal passe-t-il par la relation à autrui pour définir le moi ? Si effectivement le moi ne se définit pas par ces qualités, qu’est-il donc ? Premier moment du texte Qu’est-ce que le moi ? Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants si je passe par là, puis-je dire qu’il s’est mis là pour me voir ?Début du texte une question classique, un objet problématique et une approche étonnante. La question est celle de la définition qu’est-ce que x ? Question socratique par excellence. Tâche de la définition distinguer les propriétés nécessaires, essentielles, des propriétés contingentes, accidentelles que la chose peut perdre sans se détruire. L’objet qui pose problème le moi. Tout le texte va montrer qu’on ne sait pas précisément ce qu’il faut entendre par ce terme, qu’on a du mal à distinguer le moi des qualités d’emprunts, du mal à distinguer le nécessaire du contingent, l’essentiel de l’accidentel. Analogie avec Saint Augustin et le temps Confessions XI Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais mais que je veuille l'expliquer à la demande, je ne le sais pas ! » Problème renforcé par la forme substantivée du pronom moi » on passe d’un usage ordinaire à un usage plus philosophique. Difficile de comprendre précisément ce qu’il faut entendre par le moi ». Face à ce genre de difficultés, un conseil ne pas faire comme si on comprenait, mais proposer des hypothèses de sens et les confronter au texte. C’est le plus difficile. Qu’entend Pascal par le moi » ? le moi un individu empirique, un corps, une personne. Pourquoi ne pas dire une personne ? Le moi une substance pensante, un cogito ? Le moi sens moral de l’attachement à soi, de l’amour-propre ? cf Lafuma 597, le moi est haïssable » Quelle réponse permet d’apporter le texte ? Première proposition L’homme à la fenêtre voit un individu quelconque, un quidam, il ne me voit pas, moi et il ne voit pas un moi. Ici, Pascal s’appuie sur le langage ordinaire qui fait une différence entre voir quelqu’un » et me voir » pour commencer son travail de définition philosophique. La différence porte sur la façon de poser un objet le moi ici semble devoir être l’objet d’une intention particulière, d’une visée. L’individu doit être visé dans son identité singulière, propre. Cf. la différence général/particulier/singulier général des hommes, la classe des hommes particulier un homme comme exemple, échantillon de la classe singulier cet homme, en tant qu’il se distingue des autres. On voit des hommes en général des passants, cf Brassens, Le pornographe, éventuellement notre regard s’arrête sur un homme en particulier une passante, Baudelaire, mais on ne perçoit jamais l’individu dans sa singularité, son identité propre, dans son unicité. Conclusion le moi n’est donc pas simplement un homme quelconque mais approche étonnante, le moi est appréhendé dans le cadre d’une relation à autrui D’où l’importance de l’amour, comme visée intentionnelle de la personne. La question qu’est-ce que le moi » ? sera traitée par cette question m’aime-t-on, moi ? » Et tout le problème du texte sera de savoir si l’on peut réellement viser le moi et le trouver. Deuxième moment du texte De "Mais celui qui aime quelqu’un à cause de sa beauté, l’aime-t-il ?" à "Où est donc ce moi, s’il n’est ni dans le corps, ni dans l’âme ? et comment aimer le corps ou l’âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu’elles sont périssables ?" Argument principal, dont le fonctionnement est clair, qui procède en trois temps avant de conclure il faut décrire le mieux possible le fonctionnement de l’argument, non pas sa rhétorique, mais sa logique. Il s’agit de montrer que des propriétés, des qualités qui semblent appartenir à la personne et la définir dans sa singularité ne la définissent pas, ne sont ni essentielles, ni nécessaires. Elles peuvent m’être ôtées sans que je cesse d’être moi. la beauté cf la vieillesse, la défiguration Merteuil à la fin des Liaisons dangereuses , défigurée par la vérole. Malheur des personnes qui se définissent par leur beauté elles vont continuer à être alors que leur beauté ne sera plus. Pascal semble ici s’inscrire dans une tradition qui dénonce la confusion du paraître et de l’être, des apparences et de l’essence. Quoiqu’il faudra nuancer ceci cf la dernière conclusion du texte, étonnante, paradoxale, qui réhabilité les qualités d’emprunt Qu’on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n’aime personne que pour des qualités empruntées. » Surtout ne pas s’arrêter là Pascal dirait qu’il ne faut pas aimer une personne simplement pour sa beauté, son apparence, mais pour ses qualités intérieures. Non, les qualités intérieures sont passibles du même traitement. le jugement, la mémoire, les qualités intellectuelles peuvent disparaître sans que la personne cesse d’être. Cf la vieillesse, les changements de personnalités à cause des accidents de la vie. Pas de différences de statut entre les qualités intérieures et extérieures toutes périssables, séparables de moi. On progresse vers une hypothèse limite ce qui définit le moi, la personne dans sa singularité, ne résiderait pas dans sa personnalité ! Si une personne n’est pas singularisée par sa personnalité, par quoi alors ? Discussion du cœur de l’argument Est-il si vrai que les qualités personnelles ne définissent pas le moi ? N’y a-t-il pas des qualités inaliénables au moi, certains traits physique ou de caractère ? Pour Pascal, sans doute une illusion de croire en des traits permanents, ou alors au mieux peut-être permanent par accident de fait tel trait de l’individu ne change pas mais pas de façon essentielle il aurait pu changer sans que l’individu soit détruit. Ou alors des qualités liées à l’origine être le fils de » ? Mais mon origine me définit-elle comme moi ? Conclusion intermédiaire Raisonnement aporétique on essaie de définir le moi question simple et classique et finalement, on se rend compte qu’on ne trouve plus ce qu’on voulait définir, que le moi est introuvable, non localisable, inassignable. D’où la question de la localisation Où est donc le moi, s’il n’est ni dans le corps, ni dans l’âme ? » Question de la localisation assez étrange, comme si le moi était une chose, une partie de moi. Où est le cœur ? » a une réponse, mais où est le moi ? », n’est-ce pas faire une erreur dans la conception du moi ? Confondre le moi avec une chose étendue. Pascal ne peut ignorer Descartes cf Discours de la méthode "J_e connus par là que j’étais une substance dont toute l’essence ou la nature n’est que de penser, et qui pour être n’a besoin d’aucun lieu ni ne dépend d’aucune chose matérielle en sorte que ce moi, c’est-à-dire l’âme, par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps"_ Dernier moment du texte et du raisonnement de Pascal La critique du moi cartésien "C_ar aimerait-on la substance de l’âme d’une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n’aime donc jamais personne, mais seulement des qualités_." Ayant montré que ni les qualités physiques, ni les qualités spirituelles permettent de définir le moi, Pascal fait l’hypothèse d’un moi sans qualité, en évoquant l’amour pour "la substance de l’âme d’une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent." Vocabulaire de la substance évoque Descartes le cogito, une substance pensante, une res cogitans. Tant mieux si les élèves le repèrent. Mais on peut expliquer l’argument sans connaître Descartes. Il s’agit de considérer un moi abstraction faite de ses qualités. La distinction abstrait/concret est travaillée durant l’année. La chose concrète, ici, c’est la chose telle qu’elle se présente à moi dans l’expérience, pourvue de toutes ses qualités un homme, une barbe, un chapeau…. Abstraire opération intellectuelle qui consiste à ne pas tenir compte, à faire abstraction, des propriétés contingentes. Ce qui reste alors du moi une entité abstraite sans qualité. Toujours cette idée qu’aucune qualité ne me définit en propre. C’est le cas du cogito cartésien tout le monde est un cogito, c’est un moi qui est celui de tout le monde, bref, c’est un moi, une subjectivité pure, qui n’est pas moi, une identité singulière. Conséquence une telle entité pose des problèmes, elle trop abstraite pour être digne d’amour, trop indifférenciée pour être préférée aux autres. Personne n’aime un cogito, tout le monde aime une personne particulière. Le concept philosophique, cartésien, du moi est trop éloigné de l’usage ordinaire du moi. Conclusion n°1 On n’aime donc jamais personne, mais seulement des qualités. Conséquence de l’argumentation n’est pas qu’il faut aimer le moi réel, et non ses qualités apparentes, mais au contraire qu’on ne peut aimer que les qualités d’une personne, et non la personne elle-même. Pensons aux personnes qui aiment des types de personnes », ou à la façon dont on justifie nos amours Duras il était riche et doux ». Ce texte est donc aussi un texte sur le désir et l’amour qu’aime-t-on chez l’autre ? qu’est-ce que l’autre aime en moi ? Lieu de confusion, d’obscurité, d’équivocité, de déception. Pascal on n’aime pas une personne, on n’aime jamais personne. Contre Montaigne parce que c’était lui, parce que c’était moi ». Contre le mensonge romantique de coup de foudre entre deux personnes singulières, la vérité désenchantée de l’amour. Rapprochement possible avec le moi est haïssable », la critique du moi chez Pascal au sens de l’amour propre. Le moi n’est pas aimable. Laf 597 Conclusion n°2 Autre conclusion, paradoxale. Qu’on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n’aime personne que pour des qualités empruntées. Pas de mépris du paraître, des qualités empruntées sociales ou autres puisqu’il n’en est pas d’une autre nature. Différence genre/espèce toutes les qualités ne sont pas de la même espèce physique, intellectuelle, sociale, mais elles sont toutes du même genre d’emprunt. Pas dans la défense de l’être contre le paraître puisque l’être, le moi, n’est pas aimable. Deux niveaux pas de mépris de l’étiquette sociale cf le discours sur la considération des grands. pas de raison de tirer de l’amour-propre de son prestige social. Conclusion générale rappel de l’essentiel et réflexion finale Pascal distingue très nettement le moi de ses qualités au point qu’une question reste ouverte à la fin du texte qu’est-ce que le moi ? Réponse essentiellement négative Le moi n’est pas un individu quelconque. Je ne suis pas ma beauté, mon intelligence, mes titres. Conséquence ce n’est pas moi qu’on aime, mais mes qualités. Alors, qu’est-ce que le moi ? Trois hypothèses demeurent le moi n’existe pas ou c’est une idée confuse. le moi est une réalité subjective accessible uniquement à la première personne, un cogito. Ce qui expliquerait l’échec de la définition du moi dans le cadre d’une relation à autrui. Mais à ce moment, l’approche du moi par proposée par Pascal est pour le moins étrange et le troisième moment de l’argumentation devient difficilement compréhensible. Le moi est bien l’objet d’une intention. L’autre peut penser à moi. Mais l’erreur est d’en faire un objet d’amour, de préférence, de qualité. Bref, le moi critiqué serait celui de l’amour propre. La singularité du moi implique une individuation du moi une distinction matérielle et intentionnelle, mais non pas une qualité propre du moi, une distinction de valeur. Au contraire, cette valorisation du moi est le début de la confusion. Pour Pascal, l’individuation, l’individualité est une limite, un obstacle à la raison et à la justice, et non pas une différence à valoriser. Individuation, expression de la misère de l’homme ! 2 minutes papillon de Géraldine Mosna-SavoyeGéraldine Mosna-Savoye s'entretient avec Jérôme Lèbre, philosophe et professeur de philosophie en terminale, auteur de Les caractères impossibles Bayard et d'entretiens avec Jean-Luc Nancy sur l’art à paraître aux éditions Bayard également. Textes lus par Jean-Louis Jacopin Pascal, Pensées Lafuma 688 Pléiade 306, Gallimard, p. 1165 Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses 1782, 4ème partie, Lettre CLXXV Lettre 175, Gallimard 201, p. 457-458 Extraits de films diffusés Nicole Garcia, L’adversaire 2002 Noémie Lvovsky, Camille redouble 2012 Musiques diffusées Sung Woo cho, April snow Julio Iglésias, Je n’ai pas changé Fréhel, Tel qu’il est

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